Cousine K de Yasmina khadra

Hanté par le suicide de son père, oublié par sa mère, blessé par l’absence de son frère adoré, un jeune Algérien se laisse peu à peu envahir par ses sentiments pour sa belle cousine. Très vite, cet amour devient obsession et névrose. Comment s’approprier cette fille capricieuse, si proche et pourtant inaccessible? Entre les deux adolescents, une relation de victime à bourreau s’installe. Croyant apaiser sa souffrance, l’amoureux envisage de se venger de l’indifférence. Va-t-il l’emprisonner, la violer, la tuer? …Un récit terrifiant de noirceur dépeint l’irrémédiable descente d’un être vers la folie.

« Il est des êtres à qui rien ne réussit. Malhabiles, la main qu’ils tendent à leur prochain l’éborgne. Ils s’en désolent, mais refusent de ranger leurs poings dans leurs poches. Ils se veulent utiles, s’appliquent à aimer les gens en vrac, sans critères et sans contrepartie, quelquefois avec une sincérité surfaite que rien ne justifie, sinon le besoin morbide de se croire capable de donner malgré son statut de démuni. Si leur bon vouloir est terni par leurs maladresses, leur intention n’en semble point affecter. Ils s’obstineront à faire mal le bien qu’ils nourrissent pour les autres, pareils aux murènes le baiser indissociables de la morsure. »

« Depuis que le monde est monde, le pardon n’a à aucun moment élevé celui qui l’accorde au rang de sage. On ne pardonne que par lâcheté ou par calcul. »

« Un bien mal fait est un tort doublement inexcusable, pour son échec d’abord, pour le préjudice auquel il s’identifie, ensuite. Quant au mal qui s’en tire à bon compte, il est un succès pur et dur; toutes les bontés de la terre ne lui arriveraient pas à la cheville. »

 » Le temps passe et n’attend personne. Toutes les amarres du monde ne sauraient le retenir. Il n’a pas de port d’attache, le temps; ce n’est qu’un coup de vent qui passe et qui ne se retourne pas. J’égrène l’instant machinalement. Comme l’horloge. Affichant l’heure sans m’attarder dessus. Je ne vis pas vraiment; je ne fais qu’être là, quelque part; une ornière sur un chemin, un nom sur un registre communal. »

« Je considère le bruit comme une agression, subis le regard des autres comme un viol, et me fais violence toutes les fois que j’ouvre ma fenêtre sur le village… »

Edvard Munch. Melancholy, 1894

« Je connaissais par cœur ses retraites, ses cache-tampon et ses péchés mignons, mais ce n’était ni pour la moucharder ni pour lui être désagréable. Je ne l’épiais pas, ne la suivais pas; il me suffisait de penser à elle, et elle était là. Tout simplement. Comme si je l’inventais de mes propres mains. »

 » Il n’y a pas pire malentendu qu’un sourire de femme; c’est une succulence vénéneuse, un savant attrape-nigaud… »

« L’attente est mon île de prédilection autour de laquelle les horizons sont mis au rebut, démis de leurs attraits, destitués de leurs vocations; c’est mon bagne à moi tout seul où je suis forçat et geôlier, exempté de grâce et de retraite, un bagne sans échafaud ni parloir, mais juste une peine à purger avec l’entêtement tranquille d’un coupable qui est son propre juge. »

« Nul n’est comblé. Il y a toujours un besoin quelque part, un oubli, un mangue lancinant. On a beau se répéter que tout va bien, que tout est au mieux, ce n’est pas vrai. Que l’on habite dans un palais ou dans un gourbi, que l’on s’habille de soie ou de hardes, que l’on soit courtisé ou vomi, on a obligatoirement besoin de quelque chose, ou de quelqu’un. On implore un regard, un mot, un signe, et souvent nos prières les plus ferventes s’avèrent irrecevables. Pourquoi? Parce que c’est ainsi.  Inutile de chercher la faille; la faille est en chacun de nous, elle est toutes ces questions que l’on se pose et qui ne nous avancent à rien… »

4 commentaires

  1. Buongiorno Yano
    Voilà une belle journée qui s’annonce… c’est sûr, j’ai planté ma tente chez maya depuis un bon moment!!! certes c’est noir mais le drame est comme le café: meilleur ultra noir et sans sucre^^

    J’aime

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