Citadelle de Saint-Exupéry

René Magritte - L'art de la conversation (1950)
René Magritte - L'art de la conversation (1950)

Citadelle est un livre posthume publié en 1948. Dans laquelle Antoine de Saint-Exupéry a rassemblé les méditations de toute une vie qui reste inachevé.Célébrant les valeurs généreuses de la fraternité universelle, Citadelle représente une véritable ruche au sein de laquelle s’active tout un peuple ardent…
 » Ensemble elles composent un angle de pierre. Et d’autres, ensemble, composent une ogive. Et d’autres ensemble une colonne. Et maintenant si tu prends ces angles de pierres, ces ogives et ces colonnes, tous ensemble composent un temple. Et maintenant si tu prends tous les temples, ils composent la ville sainte. »

« Tu ne sais pas, leur disait-il, ce qu’est un arbre. J’en ai vu un qui a passé par hasard dans une maison abandonnée, un abri sans fenêtre s et qui était parti à la recherche de la lumière. Comme l’homme doit baigner dans l’air, comme la carpe doit baigner dans l’eau un arbre doit baigner dans la clarté. Car planté en terre dans ses racines, planté dans les astres dans ses branchages, il est le chemin de l’échange entre les étoiles et nous. Cet arbre né aveugle avait donc déroulé dans la nuit sa puissante musculature et trôné d’un mur à l’autre et titubé et le drame s’était imprimé dans ses torsades. Puis ayant brisé une lucarne dans la direction du soleil, il avait jaillit droit comme un fût de colonne , et j’assistais, avec le recul de l’historien au mouvement de sa victoire. »

« Si la mort et la vie sont des mots qui se tirent la langue, reste cependant que tu ne peut faire mourir. Et qui refuse la mort, refuse la vie. Car s’il n’est rien au dessus de toi, tu n’as rien à recevoir. Sinon de toi-même. Mais que retires-tu d’un miroir vide? »

« Seule la direction a un sens. Ce qui importe, c’est d’aller vers et non d’être arrivé, car jamais l’on arrive nulle part sauf dans la mort. »

« Seule compte la démarche car c’est elle qui dure et non le but qui n’est que l’illusion du voyageur, lorsqu’il marche de crête en crête, comme si le but atteint avait un sens. »

« Le pouvoir, s’il est amour de la domination, je le juge ambition stupide. Mais s’il est acte de créateur et exercice de la création alors le pouvoir, je le célèbre. »

« Alors, dit-elle, demeure auprès de moi pour m’épauler. Lorsque viendra le désir tu n’auras qu’à tendre les bras et je plierai sous ta simple pesée comme le jeune oranger lourd d’oranges. Car tu mènes au loin une vie avare et qui n’enseignes point de caresses. Et les mouvements de ton coeur, comme l’eau d’un puits ensablé, ne disposent point de prairie où devenir. »

« Ne confonds pas l’amour avec le délire de la possession, lequel apporte les pires souffrances. L’amour véritable est un don, pur, mais un don de chacun à l’autre dans le respect de ce qu’il a encore à donner. Je n’irai ni m’humilier dans l’amour. Je serai autour d’elle comme l’espace et en elle comme le temps. Je lui dirai: « Ne te hâte point de me connaître, il n’est rien de moi à saisir. Je suis espace et temps et devenir. Tu as compté mes pas vers toi, ne te nourrissant point de mon amour, mais de l’hommage de mon amour. Tu t’es méprise sur la signification de ma sollicitude. Je me détournerai donc de toi pour honorer celle-là seule qui est humble et qu’illuminera mon amour. J’aiderai à grandir celle-là seule que mon amour grandira. J’ai besoin d’un chemin, non d’un mur. Tu prétendais non à l’amour, mais à un culte. Tu ad barré ma route. Tu t’es dressée sur mon chemin comme une idole. Je n’ai que faire de cette rencontre. J’allais ailleurs ». »

« Ah! ma solitude m’est sensible quand le désert n’a point de repas à m’offrir. Que ferais-je du sable s’il n’est point d’oasis inaccessible qui le parfume? »

« Appelles-tu liberté le droit d’errer dans le vide? C’est plutôt un renoncement à notre vocation d’homme »

« Je n’ai point d’espoir de sortir par moi de ma solitude. La pierre n’a point d’espoir d’être autre chose que pierre. Mais, de collaborer, elle s’assemble et devient temple. »

« Car ce que tu donnes en réalité ne te diminue point, mais bien au contraire s’augmente dans tes richesses à distribuer. Car donner c’est jeter un pont à travers l’abîme de ta solitude. »

« Les rites sont dans le temps ce que la demeure est dans l’espace. »

« Force-les à bâtir ensemble une tour et tu les changeras en frères.  Mais si tu veux qu’ils se haïssent, jette-leur du grain. »

11 commentaires

  1. Je m’étonne de ne pas voir chez toi Le petit prince, mon livre de chevet ! Mais… à vrai dire… il y a tant de passages magnifiques qu’il faudrait sans doute le recopier en entier.
    Je n’ai pas lu Citadelle. Ca a l’air magnifique, il va falloir que je l’achète.

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