Le rire qui tue?

Darius, humoriste célèbre et coqueluche du tout Paris, s’effondre dans sa loge à l’issue d’une représentation à l’Olympia. Quelques minutes avant sa mort, le pompier de garde l’a pourtant entendu éclater de rire…Le rire soigne. Le rire ne fait que du bien. Il existe même un yoga du rire, les gens se force à rire pour doper leur système immunitaire et mieux dormi. Est-il possible que Darius soit mort…de rire?

« Un jour, une petite fille demande à sa mère :
— Dis maman, comment ils sont nés les tout premiers parents ?
— Eh bien, lui répond sa maman, c’est Dieu qui a créé les premiers humains, Adam et Ève. Ils ont eu des enfants qui plus tard sont devenus parents à leur tour et ainsi de suite. C’est de cette manière que s’est formée la famille humaine.
Deux jours plus tard, la fillette pose la même question à son père. Celui-ci lui répond :
— Tu vois, il y a des millions d’années, les singes ont évolué lentement jusqu’à devenir les êtres humains que nous sommes aujourd’hui.
La petite fille, toute perplexe, retourne aussitôt voir sa mère :
— Maman ! Comment c’est possible que tu me dises que les premiers parents ont été créés par Dieu et que papa me dise que c’était des singes qui ont évolué ?
La mère lui répond avec un sourire :
— C’est très simple ma chérie. Moi je t’ai parlé de ma famille et ton père te parlait de la sienne. »

« Un ministre africain vient en voyage officiel en France, et se fait inviter à dîner chez son homologue français.
Il admire la somptueuse villa de ce dernier, ainsi que les nombreuses toiles de maîtres aux murs.
Il lui demande comment il peut s’assurer un tel train de vie avec sa paie, somme toute modeste, de serviteur de la République.
Le Français l’entraîne près de la fenêtre :
— Vous voyez l’autoroute là-bas ?
— Oui.
— Elle a coûté 200 millions d’euros, l’entreprise l’a facturée 210 millions et m’a versé la différence, soit 10 millions.
Deux ans plus tard, le ministre français est en voyage officiel en Afrique et rend visite à son homologue.
Quand il arrive chez lui, il découvre un palais comme il n’en avait encore jamais vu : murs en marbre, meubles en argent massif, toutes les décorations en or pur…
Stupéfait, il demande :
— Mais je ne comprends pas. Il y a deux ans, vous trouviez que j’avais un train de vie princier. Mais par rapport à vous ce n’est que peu de chose…
Le ministre africain l’entraîne près de la fenêtre :
— J’ai écouté votre conseil et moi aussi j’ai lancé un projet d’autoroute à 210 millions d’euros. Vous la voyez là-bas ?
Il désigne une vallée au loin.
— Euh… Non, dit le ministre français en se frottant les yeux. Désolé, je ne repère rien, je ne distingue qu’une forêt à perte de vue.
Le ministre africain lui donne alors une tape dans le dos et éclate de rire.
— Eh bien justement, c’est comme cela que je me suis enrichi ! »

« Quand le corps humain fut créé, toutes ses parties voulaient être le chef.
LE CERVEAU disait : Puisque je contrôle tout le système nerveux je devrais être le chef.
LES PIEDS disaient : Puisque nous maintenons tout le corps debout nous devrions être les chefs.
LES MAINS disaient : Puisque nous faisons tout le travail et gagnons de l’argent pour nourrir le corps, nous devrions être les chefs.
LES YEUX disaient : Puisque c’est nous qui apportons l’essentiel des informations sur le monde extérieur, nous devrions être les chefs.
LA BOUCHE disait : Puisque c’est moi qui nourris tout le monde, je devrais être le chef.
Et ainsi de suite pour le CŒUR, les OREILLES et les POUMONS.
Enfin LE TROU DU CUL se fit entendre et demanda à être le chef. Les autres parties du corps se moquèrent à l’idée qu’un simple TROU DU CUL puisse les diriger.
Alors le TROU DU CUL se mit en colère : il se referma sur lui-même et refusa de fonctionner. Bientôt le CERVEAU devint fiévreux, les YEUX devinrent vitreux, les PIEDS trop faibles pour marcher, les MAINS pendaient sans force et le CŒUR et les POUMONS luttaient pour survivre. Ainsi tous supplièrent le CERVEAU de céder et de permettre au TROU DU CUL d’être le chef.
Ainsi fut fait. Toutes les parties du corps purent dès lors reprendre leur activité tandis que le TROU DU CUL dirigeait tout le monde et s’occupait principalement de la gestion des “emmerdements” comme tout chef digne de ce nom.

Moralité : il n’est nullement nécessaire d’être un cerveau pour devenir chef, un simple TROU DU CUL a nettement plus de chances d’y réussir. »

Bernard Werber, Le rire du Cyclope| Albin Michel| 2010| ISBN 9782226215291| 618 pages |

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