Quand on parle de ramadan, on s’attend qu’il s’agisse des chefs d’œuvres gastronomiques, des récitations coraniques ou  des feuilletons merdiques. Votre choumoura voue une affection particulière pour ce mois sucré. C’est le mois qui ressemble le mieux à son rythme psychophysiologique. Le chômage a façonné sa nature qui tend à devenir léthargiquement indolente. Elle n’a d’ailleurs plus envie de distribuer les couffins de solidarité qu’elle avait pris l’habitude de remettre avec son groupe d’amis aux nécessiteux. Elle n’a plus goût  d’animer  les sessions de formation dédiées à coacher les chômeurs de son quartier en rédigeant des CV sur-mesure ou  de faire des assimilations d’entretiens d’embauche. Lors d’une séance elle a entendu  mais pour qui se prend-elle cette choumoura… yalatif  bhal lfarouj : kat wari lwqat ou bayta fel bzoukat il a suffit de ces quelques mots lancés par une vipère pour  tuer toute la motivation qui l’activait.    

Elle a même pris la résolution de faire les prières de  Taraouih chez elle pour éviter les états d’humeurs colorés d’irritation et d’agressivité. Car l’ex-kassala, madame l’amphibienne, a inspiré les femmes du quartier à réserver  leurs places à la mosquée avec leurs tapis de prière bien avant la rupture du jeûne à l’image de ce qui ce passait au hammam son ancien milieu de travail.  Votre amie évite  aussi de feuilleter   les  journaux  qui ce sont aperçu d’un coup que la vie est devenue trop chère, que le shour est important et  que le tramdine a gagné du terrain. Elle pense de plus en plus que le jeûne est passé du religieux au social.

Parallèlement a cela, ma voisine lalla zoughbia a développé un commerce épanoui grâce à son trio gagnant sfouf-briwat-chabakia . La notoriété de ses gâteaux ramadanesque a dépassé la frontière de la ville voire même du pays. Le hic c’est que bou rkabi son fils unique  n’accepte pas d’aider sa mamounet d’amour qui ne cesse pas de lui chantonner les khdam ya ta3ass fsa3d na3ess…ila khtitek darbak lakhla… il marmotte quelques mots d’insatisfaction  puis il lui embrasse la main pour s’excuser : il sait que la tendresse de maternelle est incommensurable ! Pour lui ramadan c’est toute l’année. Il se réveille à midi, repasse tous les matchs qu’il n’a pas eu l’occasion de voir la veille, enfile son short rayé et sort faire un tour à l’ancienne médina pour amener le ftour. Il n’hésite pas à adapter son discours de drague qui prend une forme Halal genre   alahouma hada mounkar…à cause de ta djellaba serrée je dois refaire le jour…je le ferrai volontiers ma colombe. Après chaque rejet, notre choumour devient d’une animosité et d’une mauvaise humeur indescriptible. Bizarrement, sa tramdanité ne lui fait pas oublier ses envies de femmes enceintes.  Il passe ainsi s’approvisionner des pommes golden, du jben à l’arôme d’ail  et du raib pour régaler ses papilles. Apres avoir bu trois bols de harira, deux verres de thé, goûté au poisson  et aux tartes salées, fumé six clopes, notre ami se sent prés pour la veillé. A coté  de ces nourritures purement  terrestres, bou rkabi a droit aux nourritures de l’esprit et le resto du coin s’est  chargé d’animer des soirées musicales pour leurs clients jusqu’à 2 H du matin en recrutant un artiste libanais. L’artiste en question a bénéficié d’une promotion interne : de la préparation  des sandwiches falafel  à l’animation des soirées de ramadan .  Notre ami choumour , le  tuyau de chicha à la main,  vibre avec les rythmes d’un certain hantour mais aurait préféré l3alwa…il rentre à pic avec lmouazzin. Pas le temps de boire un verre d’eau. A cet instant précis, il envia  toutes les mamies qui avaient pris habitudes d’avaler l’eau après lmadmada. Pour changer les idées, il alluma son PC. Il aperçoit la touche  dièse  #   du  clavier qui lui fait penser aux gaufres moelleuse aux pommes qu’il n’a pas eu le temps d’y goûter…il ferme la machine et se plonge dans les bras de Morphée jusqu’à midi. Que voulez-vous c’est Ramadan !