Étant en chômage depuis bientôt une année, l´ANAPEC est devenue ma destination de pèlerinage quotidienne. Vous allez me dire que ma méthode est désuète et que l´Agence nationale de promotion de l´emploi et des compétences a un site web actualisé. Je vais vous répondre qu´il n´y a pas un jour qui passe depuis que j´ai eu mon diplôme sans que j ´envoi une demande via le portail web. Une candidature bien ficelée avec un chouia de piments …beh oui beh quoi il faut savoir se vendre. Au départ je ne répondais qu´aux offres qui collaient à mon profil. Sans écho de la part des conseillers d´emploi, je commençais à postuler à la va-comme-je-te-pousse à toutes les annonces qui correspondaient à ma région dans l´unique but de décrocher un entretien. Dés que j´ai commencé à écouter en boucle ´´noir c´est noir il n´y a plus d´espoir´´ j´ ai su que mon horloge psychique a sonné ses douze coups. Je me suis donc mise sur mon trente-et-un et je me suis déplacée vers les locaux de l´ANAPEC .
Une fois dans le couloir de notre recruteur national, on remarque une dizaine de jeunes debout absorbés par leur recherche en ligne. Ergonomiquement, c´est la posture idéale mais le sourcing de mes camarades chômeurs ne correspond que rarement á la recherche des offres d´emploi. L´historique des recherches était riche d´informations : recette falafel- s´ épiler sans se faire mal- les résultats du DHJ-facebook romeo des citrouilles-chikhat sidi Bennour-gestion de carrière en entreprise –maquillage hayfa wahbi-stress chronique …et des meilleurs et j´en passe. Arrivant devant le bureau accueil et information, un jeune homme costaud m´a tendu la main non pas pour me saluer. Il m´a donné une fiche que je devais remplir sans dire un mot. Cinq minutes plus tard j´ai remarqué qu´il portait un gilet avec badge mentionnant que notre pas très communicatif agent d´accueil était un agent de sécurité. J´ai continué ma balade autistiquement pour m´arrêter devant le bureau de la conseillère d´orientation qui examinait soigneusement des pantoufles d´export en apparence. En m´apercevant elle m´a fait un geste de la main et m´a demandé de patienter pour se lancer dans une scène de marchandage féroce avec la vendeuse. ..Bref elle a pu avoir une réduction de 40 % puisqu´elle a promis à notre vendeuse en djellaba de lui apporter plus de clientes anapeciennes et un contrat de six mois pour son fils dés l´ouverture de la nouvelle usine tant attendue par la main d´œuvre de notre région. Une fois le modeste cours dans l´art du commerce a pris fin, j´ai pu prendre la place de la vendeuse. Cette fois-ci l´échange était avare. Notre pantouflard m ´a lancé un ´kayn man kdiw´, j´ai fait sorti mon cv dans l´intention de développer mes attentes. J’ai eu droit à quelques grimaces puis verdict ´´ce genre de poste est quasi inexistant dans la région de Doukkala-abda´´ puis elle a fait tourner mon cv pour accoucher son e-mail ´´je te propose de m´envoyer ton cv sur ma boite personnelle … wi koun khir´´
Gris c´est gris et c´est fini oh oh oh oh j´ai accroché mon sourire le plus jaune en guise de remerciement pour retourner derrière mon écran avec 60 kg d´ondes négatives en effervescence.